Article de blog
Analyse des politiques : la loterie de la Cour suprême
Adapté de « Comment sauver la Cour suprême » de Daniel Epps et Ganesh Sitaraman
Problème
La Cour suprême pourrait être confrontée à une crise de légitimité. Elle est devenue de plus en plus politique au cours de la dernière décennie, notamment après le refus de Mitch McConnell d'accorder une audience au candidat d'Obama à la Cour suprême, Merrick Garland. C'est la seule cour fédérale qui n'est pas soumise à des règles d'éthique, ce qui laisse aux juges le soin de décider eux-mêmes s'ils doivent ou non se récuser dans les affaires dans lesquelles ils ont un conflit d'intérêts.
Résumé exécutif
La réforme structurelle a le potentiel de renforcer l’indépendance de la Cour suprême et de créer une institution plus éthique. La loterie de la Cour suprême est l’une des voies de réforme les plus prometteuses, car elle peut probablement être mise en œuvre par le biais d’une loi fédérale. La loterie pourrait réduire le pouvoir détenu par chaque juge, dépolitiser les processus de nomination et de désignation, réduire le pouvoir de contrôle judiciaire et encourager les récusations lorsque les juges sont en conflit d’intérêts dans une affaire.
Recommandations
Une façon de réformer structurellement la Cour suprême serait d’instaurer un tirage au sort pour la Cour suprême. Dans cette proposition, chaque juge de cour d’appel deviendrait juge associé de la Cour suprême. Pour chaque affaire portée devant la Cour suprême, 9 juges seraient choisis au hasard pour siéger à ce tribunal. Un autre groupe de juges choisis au hasard les remplacerait pour l’affaire suivante. Un maximum de 5 juges nommés par les présidents d’un même parti pourraient siéger en même temps. Seule une supermajorité de 6 contre 3 pourrait déclarer inconstitutionnelle une loi votée par le Congrès.
Effets
Le tirage au sort de la Cour suprême diminuerait le pouvoir de chaque juge, car les juges seraient constamment remplacés. Il pourrait également dépolitiser les processus de nomination et de désignation, car ils deviendraient fréquents et moins conséquents. Les juges ne seraient pas en mesure de mettre en œuvre avec succès un programme politique, car un autre groupe de juges les remplacerait pour l’affaire suivante.
Avec des juges en rotation constante, les avocats ne pourraient pas abuser du système en portant des affaires devant la Cour suprême sur la base de leurs prédictions sur la manière dont les juges statueront.
Avec une majorité qualifiée de 6 contre 3 requise pour un contrôle judiciaire, les branches élues du gouvernement retrouveront un certain pouvoir. Les juges nommés par un parti différent de celui du président en exercice auraient besoin du soutien de juges nommés par un président du même parti que le président actuel pour annuler les lois votées par le Congrès. Étant donné que le tribunal ne pourra pas accueillir plus de 5 juges nommés par un président d'un même parti pour présider une affaire, les lois fédérales ne peuvent être annulées sans le soutien d'au moins un juge nommé par un président du parti dont le président en exercice est membre.
Si l’un des juges sélectionnés au hasard a un conflit d’intérêts, il est plus susceptible de se récuser sachant qu’un autre juge peut facilement être choisi. L’ancien juge en chef William Rehnquist a suggéré que les juges ont le devoir de rester en poste parce que les juges de la Cour suprême ne peuvent pas être remplacés comme les juges des tribunaux inférieurs. Il estimait que l’obligation de « siéger » l’emportait sur les justifications de la récusation. Avec le tirage au sort de la Cour suprême, un nouveau juge peut facilement être choisi pour remplacer le juge en conflit d’intérêts. Par conséquent, la doctrine du « devoir de siéger » ne peut plus être utilisée comme excuse pour renoncer à la récusation.
Faisabilité
Sous le Loi sur le pouvoir judiciaire de 1789Les juges de la Cour suprême étaient également affectés à des postes dans les tribunaux inférieurs. La loi sur la magistrature de 1869 a remplacé la loi sur la magistrature de 1789 et a créé des tribunaux de circuit fédéraux. Cependant, la loi de 1869 n'a pas instauré la fonction de juge de circuit, ce qui signifie que les juges de la Cour suprême siégeraient toujours dans les tribunaux inférieurs. Cette pratique a existé jusqu'en 1911.
Le Juriste explique que l'adoption par le Congrès des lois sur le pouvoir judiciaire indique qu'il a le pouvoir de contrôler la structure des tribunaux fédéraux. Par conséquent, un panel tournant de juges pourrait être possible grâce à une loi du Congrès. Le Congrès a le pouvoir de modifier la taille de la Cour suprême.